Conservatoire national des arts et métiers
Architectures des systèmes informatiques
CHAPITRE 6
Mémoires de masse
Année 2002-2003

6.0 PRÉSENTATION ET CONTENU

Allant de l'intérieur vers l'extérieur de l'ordinateur, après les caches et la mémoire centrale câblée sont les mémoires externes dites aussi mémoires de masse dont une contient la mémoire virtuelle éventuelle.
Les mémoires de masse, très différentes les unes des autres, sont habituellement réparties en trois classes.

Les mémoires de masse primaires sont attachées à l'ordinateur. L'accès aux données est de type bloc à accès direct (random access). Ce sont les disques magnétiques. Les disques dits virtuels en mémoire centrale dont l'utilisation a fortement décru, font partie de ce groupe.

Les mémoires de masse secondaires sont amovibles. L'accès aux données est le même que celui des précédentes. Ce sont les disques amovibles magnétiques et optiques et les disquettes.

Le mémoires de masse de sauvegarde sont amovibles. L'accès aux données est séquentiel. Les bandes magnétiques sont l'exemple le plus connu.

Nous examinons dans la suite les seules mémoires de masse primaires.

Ce chapitre contient :


6.1 PANORAMA DES TECHNIQUES DE STOCKAGE en 1997

Donnons d'abord quelques exemples de quantités de données :
..œuvres complètes de Victor Hugo,          60 millions d'octets;
..annuaire téléphonique de Paris,           55 millions d'octets;
..annuaire téléphonique national,          600 millions d'octets;
..un volume de la collection de la pléiade,  3 millions d'octets;
..une grande encyclopédie, hors figures et photographies environ 500 millions d'octets, le texte complet de l'Encyclopædia Universalis tient sur un CD-ROM.Les indications ci-dessous ne sont que des ordres de grandeur qui devraient être et ne sont pas actualisées fréquemment.
Technique
Capacité 
Prix en F. du lecteur
Fournisseurs Observations
Magnétique
Disquette
1,44 Mo
200-300
Teac, Mitsumi, etc. Insuffisant
Disquette haute densité
100-250 Mo
1000
Ioméga, Imation, Sony, Fujitsu Pas de standard
Disque fixe
10-300 Go
1000-5000
Seagate, Quantum, Western digital  
Disque amovible
135 Mo-8 Go
1500-3000
Syquest, Ioméga cartouche normalisée
Bande en cartouche
jusqu'à 50 Go
jusqu'à 400000 F
IBM Philips pas de standard
Optique 12 cm
CD-Rom
650 Mo
1000
asiatiques normalisé lecture seule
CD-R
650 Mo
2500
Philips, asiatiques inscriptible 1 fois
CD-RW
650 Mo
4000
Philips, Sony, Ricoh effaçable
DVD-Rom
4,7 Go
2500
Philips, asiatiques normalisé,
images seules
DVD-R
3,5 Go
N.D.
Pioneer  
DVD-Ram
2,7 Go
N.D.
Toshiba, Matsushita  
DVD-RW
3 Go
N.D.
Philips, Sony  
Optique autres tailles
2,5 pouces
230-650 Mo
2500-3500
Philips, Yamaha, Olympus, Fujitsu magnéto-optique
5,25 pouces
2,6 Go
10000
Hitachi, Maxoptic magnéto-optique
12 pouces
>15 Go
200 000
Philips ATG inscriptible une fois

DVD (CD-ROM à laser orange) : 4,5 Go, 9 Go en double face.
Bande d'«optical paper» : 2 To.
Disque magnéto-optique à venir : 60 Go et plus.

6.2 LES DISQUES MAGNÉTIQUES

En 1956, IBM a produit le premier disque nommé IBM 305 ou RAMAC pour «random access method of accounting and control» déjà cité, cette dénomination est toujours utilisée pour des systèmes de disques par le même constructeur. Le disque magnétique a été nommé DASD pour «direct access storage device», dans ses débuts. L'expression disque dur est arrivée plus tard pour les distinguer des disques souples ou disquettes, «floppy disks».

Le tableau ci-dessous donne l'évolution des différentes densités chez un même constructeur de 1957 à 1981. La densité de surface a été multipliée par 6000 en 24 ans. Elle atteint aujourd'hui 8 Gbits/cm².

Densités de stockage de quelques disques anciens d'IBM
Année Nom  Densité de surface Mbit/cm² Densité linéaire bits/cm Densité des pistes piste/cm
1957 IBM 350
0,013
253
51
1961 IBM 140
0,058
557
102
1962 IBM 1301
0,017
1316
126
1963 IBM 1311
0,033
2593
126
1966 IBM 2314
1,41
5566
523
1971 IBM 3330
4,99
10220
486
1973 IBM 3340
10,8
14260
760
1976 IBM 3350
19,6
16255
1210
1979 IBM 3370
49,9
30700
1606
1981 IBM 3380
76,8
37950
2026

On estime que dans les années à venir comme dans les années passées, les disques magnétiques gagneront 15% par an en performances temporelles alors que les processeurs progresseront de 50%.

Les consommations électriques courantes ont évolué comme suit :
Année Consommation Tension
1980 25 W 12 V
1984 20 W 12 V
1987 15 W 12 V
1989 10 W 12 V et 5 V
1991 02 W 5 V
1994 01,3 W 3,3 V
L'évolution de la consommation inclut les économies réalisées par les mises en veille.

Évolution des prix de quelques disques Winchester

6.2.1 Principe de fonctionnement et organisation physique des disques dits Winchester

Le boitier contient :.les plateaux, médium rigide, couramment jusqu'à une dizaine, solidaires par un axe commun;
.le moteur d'entraînement;
.le chariot porte têtes et les têtes de lecture et d'écriture;
.la carte de commande qui régule la rotation, commande le chariot et code et décode les données, à distinguer de la «carte contrôleur» attachée au bus qui gère le bus d'accès au(x) disque(s).


Un plateau, disque longtemps fait d'un alliage d'aluminium et de magnésium ou en verre simple ou composite, couvert de couches métalliques. Les plateaux sont montés sur un même axe, couramment 3 (IBM Deskstar) à 10 (Seagate Barracuda).
Le plateau est d'abord recouvert d'une couche de nickel de 15 µm d'épaisseur, puis d'une couche de phosphore-cobalt ou de phosphore-nickel-cobalt magnétique de moins de 0,1 µm d'épaisseur. Le dépôt est fait par électrlyse ou par phase vapeur.La planéité exigée est de moins de 0,012 µm. Le dépôt de particules d'oxyde de fer avec un liant est abandonné.

Le moteur entraîne les plateaux par leur axe commun. Sa vitesse de rotation est constante. Elle fut longtemps de 3600 t/min, entre 3560 à 3590 t/min. On observe 5400, 6400, 7200 et 10000 t/min. Le disque Cheetah X15 UltraScsi, 18 Go, de Seagate tournait à 15000 t/min en 2000.

Les têtes de lecture et écriture à raison d'une par face de plateau, sont portées chacune par un bras souple dont la géométrie est étudiée pour réduire les effets de roulis et de tangage de la tête. Les bras sont entraînés par un chariot porte têtes commun. La tête est profilée pour voler à la surface du plateau sur un coussin d'air à une distance de 0,25 µm environ. Ce coussin, produit par l'effet d'entraînement du plateau tournant dans une atmosphère raréfiée et épurée est l'essentiel de la technique dite Winchester apparue en 1971.

La partie utile de la tête est un film mince sur substrat de verre. Du permalloy, matériau magnétique, y est déposé en spires formant bobine. Le dépôt est fait par masquage selon une technique analogue à celle de la fabrication des circuits intégrés. Cette tête peut distinguer 800 pistes par cm et 8000 transitions magnétiques par cm linéaire de piste. La technique du tore de ferrite enrobé dans un matériau composite à base de céramique est abandonnée.

L'écriture est faite en appliquant un courant à la bobine. La variation de courant crée un champ magnétique qui impose une orientation aux domaines du matériau magnétique. C'est une application directe de la loi de Lenz.

La lecture est faite selon deux procédés, inductif ou magnéto-résistif auxquels correspondent deux organes de lecture.

Les deux procédés aboutissent à une variation de tension comme figuré ci-dessous.

Le chariot porte têtes déplace les têtes. Quand le chariot est immobile, la rotation fait défiler une piste sous chaque tête. L'ensemble de ces pistes de même rayon est nommé cylindre. Pour cela, il faut d'abord amener la tête sur la bonne piste, ensuite placer la tête au sens de suivre au mieux la piste.Amener la tête sur la bonne piste ou parcourir les cylindres

Mais où est la bonne piste ? Le pistes ont un numéro d'ordre induit par le parcours des têtes lors du formatage initial. Cet ordre a trois réalisations.

L'ordre vertical : les enregistrement sont faits sur les pistes successives d'un même cylindre de tête en tête, puis sur le cylindre suivant, plus intérieur d'une unité que le précédent.

L'allure des courbes de débit et de temps d'accès moyen est :

L'ordre horizontal : toutes les pistes d'une même face d'un plateau sont parcourues avant de passer à la face suivante puis au plateau suivant.

L'allure des courbes de débit et de temps d'accès moyen est :

Les autres ordres : combinent le vertical et l'horizontal, par exemple :

Les courbes de temps d'accès et de débit n'ont pas d'allure générale typique.

Le placement sur la piste

Un moteur pas-à-pas déplaçait les têtes sur un rayon de la pile de plateaux. Aujourd'hui, le bras est en rotation autour d'un axe parallèle à celui des plateaux. Une bobine commandée en courant et maintenue immergée dans un aimant permanent (dit «voice coil») commande cette rotation. Le placement des têtes sur un cylindre est fait par asservissement comme suit : une ou la tête lit un enregistrement particulier nommé cale, la différence entre la meilleure position de la ou des têtes et la position en cours est calculée et l'angle du chariot porte têtes est modufié. Les cales sont logées :

Un cache est incorporé dans le contrôleur du disque.Le codage des informations est fait à l'écriture et le décodage à la lecture selon le code utilisé.

CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES PRINCIPALES D'UN DISQUE :

Nombre de plateaux;
Nombre de têtes ou de faces;
Nombre de tours par minute;
Nombre de pistes par face;
Nombre de secteurs par piste;
Temps d'accès moyen, parcours de la moitié des deux tiers du disque;
Temps d'accès de piste à piste;
Nombre de secteurs d'une piste lus en une rotation;
Densité linéaire de bits sur une piste;
Taille du cache.

L'adressage des secteurs était depuis l'origine organisé par cylindre/tête/secteur, CHS pour «cylinder/head/sector». Un mode nouveau pour les PC est l'adressage logique par bloc, LBA pour «logical block addressing». Il utilise un nombre unique pour repérer les secteurs de façon consécutive. Ce mode a été introduit pour l'accès de type IDE au format ATA-2. Il est commun dans la norme SCSI. Un numéro composite CHS et un numéro LBA se transforment réciproquement par :LBA= (N° de secteur-1) + (N° de tête * Nbre secteurs) + (N° de cylindre * (Nbre de têtes+1)* Nbre total de secteurs).et
N° de secteur   = ((reste de LBA/nombre total de secteurs) +1)
Cylindre-tête   = (dividende de LBA/nombre total de secteurs)
N° de cylindre  = (dividende de cylindre-tête/(Nbre total de têtes + 1))
N° de tête      = (reste de cylindre-tête/(Nbre total de têtes + 1))

Quelque soit le moyen employé, l'adressage est fondé sur une numérotation des emplacements
qui introduit la relation d'ordre omniprésente en informatique.
Certains nomment cela «linéarisation de l'espace».

Questionnaire

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