Le présent paragraphe n'est pas destiné aux seuls auditeurs de la filière Contrôle industriel. Un informaticien doit être au fait des bus de terrain.
Ces bus parfois nommés réseaux de terrain sont installés «sur le terrain» au contact direct des appareils. Même si les réseaux de commande sont capables de gérer ces appareils, leur fonctionnement est complexe et fait doter chaque capteur ou actionneur d'un processeur. Il y a donc place pour les bus de terrain, plus simples. L'IEEE 488 examiné ci-dessous dans quelques détails a été le premier d'entre eux. Il est encore utilisé mais se révèle souvent insuffisant.
L'enjeu économique est l'automatisation de la production. Son importance provoque une grande activité de normalisation qui n'a pas encore abouti. En normalisation internationale, l'ISO gère le TC 184 SC5 qui s'occupe des réseaux industriels de communication. Il a déjà abouti pour une partie du réseau Map et travaille sur les réseaux dits à «temps critique». Le CEI 65CWG6 rédige officiellement les normes futures des bus de terrain.
Les travaux nationaux sont principalement développés :
Aux bus de terrain que l'on peut qualifier aujourd'hui de classiques, destinés à l'industrie, il faut ajouter les bus domotiques ou immotiques, destinés à la gestion d'équipement ménagers ou d'immeubles. C'est le cas du CEBus (Consumer electronics bus) de l'EIA. Le D2B (Domestic digital bus) de Philips est spécialisé dans l'audiovisuel domestique. On peut ajouter les bus externes d'ordinateurs comme USB à la liste.
Les deux arguments principaux en faveur des bus de terrain sont :
Les bus de terrain n'ont pas une classification stricte. Des auteurs considèrent IEEE 488 comme un bus spécialisé dans les instruments de mesure.
Les allemands répartissent les bus en :
Le CERN de son côté construit trois classes :
5.4.1 Exemple du bus GPIB (IEEE 488), le plus ancien bus de terrain
La première version de ce bus a été créée en 1965 par Hewlett-Packard sous le nom de Hewlett-Packard interface bus : HPIB. Il était alors le seul moyen d'obtenir des débits élevés, jusqu'à 1 Mo/s. La notoriété et le poids industriel de son auteur ont été les raisons de son succès. Il a été normalisé en 1975 par l'IEEE sous le numéro 488. Une modification de cette norme a été publiée en 1987, sous le nom d'ANSI/IEEE 488.1. La même année, la norme ANSI/IEEE 488.2 a précisé la façon dont les contrôleurs communiquent. En 1990 le jeu de commandes nommé «standard commands for programmable instrumentation» a modifié la norme IEEE 488.2.
Ce bus est connu
sous plusieurs dénominations sensiblement équivalentes :
HPIB Hewlett-Packard
interface bus
GPIB General purpose
interface bus
IEEE 488
IEC 625-1
ANSI MC1-1.
Une liste d'organismes de normalisation est donnée dans le chapitre 9.
Organisation matérielle : il est composé de 16 fils d'information :
Il est donc très fortement multiplexé.
Fonctionnement :
Ce bus est asynchrone,
il porte jusqu'à quinze dispositifs connectés.
Son protocole utilise la poignée
de main.
Chaque dispositif peut être
:
.source, c'est-à-dire émetteur
de données, un seul est actif à un instant donné;
.puits, c'est-à-dire récepteur
de données, plusieurs puits peuvent être actifs simultanément.
Il nécessite un contrôleur pour gérer les états source ou puits à chaque étape de fonctionnement. Un seul contrôleur est actif à un instant donné. Le contrôleur est un dispositif quelconque parmi les appareils connectés, processeur, carte, ordinateur ou autre.
Le connecteur
est normalisé, sauf dans la norme IEC.
La prise de châssis est une
femelle amphénol 57-20240, les affectations de broches sont :
Les longueurs des câbles sont
normalisées 0,5m, 1m, 2m ou 4m au plus. Chaque câble porte une
prise à chaque extrémité, l'une mâle, l'autre
femelle.
Les signaux électriques
sont compatibles TTL, en logique positive,
. l'état 1, variable vraie,
est porté par une tension de 0 à 0,8v (niveau bas);
. l'état 0, variable fausse,
est porté par une tension de 2 à 5v (niveau haut).
Les dispositifs ou appareils sont limités en nombre à 15, en accord avec la capacité d'adressage. Leur identification est faite par le positionnement d'un jeu de 5 inverseurs placés à l'arrière de l'appareil et qui fait partie de l'interface. Ces 5 inverseurs peuvent définir 32 adresses, on choisit donc les 15 adresses utilisables parmi celles-ci.
Le transfert simple est fait au moyen de trois signaux unidirectionnels :
DAV data valid : des données sont présentées sur le bus.
Emetteur : sourceRécepteur : puits
NRFD not ready for data : indique que les puits sont ou ne sont pas prêts àrecevoir.
Emetteurs : puits
Récepteur : source
NDAC not data accepted : indique que les puits ont reçu la donnée.
Si plusieurs puits sont connectés entre eux, les NRFD et NDAC de chaque appareil sont reliés en OU câblé.
Les signaux actifs au niveau bas asservissent l'échange sur le dispositif le plus lent à répondre.
Détail
du protocole.
Commandes :
Quatre signaux, émis par le contrôleur seul, sont destinés à tous les autres dispositifs :
ATN (attention)
tous les dispositifs doivent se mettre en état de puits;
IFC (interface clear) initialise
tous les dispositifs à l'état de repos;
REN (remote enable) signification
conditionnelle, détaillée dans le tableau ci-après;
SRQ (service request) émis
par un dispositif quelconque vers le contrôleur actif est une demande
en mode d'interruption.
Le contrôleur est tenu d'y
répondre par une séquence d'identification du demandeur il
reçoit SRA qui est un OU de toutes les demandes.
Il y a deux types de séquences :
- reconnaissance
par interrogations successives en série (olling);
- reconnaissance parallèle
par appel simultané à plusieurs dispositifs.
Le cinquième signal de commande est :
EOI (end
or identify) émis soit par un contrôleur soit par une source,
sa signification est différente selon ces deux cas.
1 et 3 ont été décrits
plus haut;
2 dialogue entre le contrôleur
et un dispositif adresse qui reçoit un mot d'état forcé;
4 échange de données
normal;
5 signale au contrôleur que
la source a fini d'émettre.
Données :
Elles ont constituées
de huit signaux bidirectionnels D101 à D108, codés en ASCII
selon la recommandation du CCITT n°7 : 7 bits utiles, 1 bit de parité.
Elles ont deux types possibles :
.des résultats de mesures;
.des messages émis par le
contrôleur, selon la liste suivante.
L'adressage fait qu'une source ou
un puits se reconnaissent par coïncidence d'adresse sur A1 à A5.
Demandes de services :
Reconnaissance en série : le contrôleur lance en série toutes les adresses des puits, chacun envoie son mot d'état au contrôleur. Une adresse globale (P1 à P3) est émise, le dispositif interrupteur doit émettre son code réduit P1, P2, P3 pour être identifié. La plupart des appareils connectables ne contiennent qu'un sous ensemble des fonctions prévues par la norme. Celles-ci sont souvent décrites sur la face arrière du dispositif par un mot comme :
SH1AH1T5L4SR1RL1DC1
qui indique les fonctions disponibles.
SH source
handshake ou source poignée de main, capacité d'émission
de messages multilignes :
SH0 incapacité,
SH1 capacité.
AH acceptor handshake, capacité
à recevoir des messages multilignes,
AH0 incapacité,
AH1 capacité.
T talker capacité à
émettre des données et des mots d'état,
T0 incapacité,
T5 capacité complète,
T6, T7 et T8 omettent certains modes.
etc.
Les évolutions, IEEE 488.1, IEEE 488.2 et SCPI.
IEEE 488.1 simplifie l'interconnexion d'instruments programmables mais ne s'occupe pas des formats de données, des commandes de configuration etc.
IEEE 488.2 lève nombre d'ambiguïtés du précédent. Il règle la façon dont les instruments et le contrôleur coopèrent. Il définit les formats de données, les mots d'état, et la gestion des erreurs.
SCPI est une combinaison et une version plus évoluée conjointement de IEEE 488.2 test and measurement systems language de Hewlett Packard (TMSL), et d'analog data interchange format de Tektronix (ADIF). Il a été défini par le «GROUPE SCPI» qui comprend National Instruments, Bruel & Kjaer, Hewlett Packard, John Fluke Manufacturing, Keithley Instruments, Philips Test & Measurement, Racal-Dana, Tektronix et Wavetek.
CONCLUSION SUR IEEE 488 1+2.
Signaux : 16.
Alimentation : propre à chaque
dispositif.
Bus de données 8 bits.
Adresse 15 bits.
Système d'interruption :
1 ligne.
Raccordement par câble de
moins de 2 mètres.
Gestion lente et lourde.
Application instrumentation.
Compatibilités électrique
et syntaxique.
Il s'agit bien d'un bus tout à fait comparable à celui d'un ordinateur dans son fonctionnement, à la différence qu'au lieu d'un câblage de type fond de panier, les appareils sont reliés par un câble de longueur plus grande et que ses performances en débit sont très faibles.
On trouvera en annexe quelques détails sur le réseau FIP et ci-après une liste et des caractéristiques de bus de terrain.
Conservatoire national des arts et métiers
Architectures des systèmes informatiques
CHAPITRE 5
Augmentez le débit svp ! Communications par bus
Année 2002-2003